Beautiful Day, parfum insolite


Samedi, j'ai fait une séance de rattrapage en parfumerie. C'est-à-dire que j'ai fait le tour des rayons en sniffant tout ce que je ne connaissais pas qui était sorti ces trois derniers mois. J'ai parlé plus d'une fois de cette quête incessante : trouver un parfum personnel. 

J'ai sniffé une armée de flacons, de l'Hermès, du Guerlain, du Lancôme, du Dior, du Lolita,  du Kenzo... au moins une dizaine de parfums qui se ressemblaient plus ou moins ou en tout cas, qui rappelaient leurs grands frères nés quelques mois plus tôt. Parce que les parfums, ça déferle par vagues : une année, c'est des sucrés poisseux, deux ans plus tard, des muscs ultra puissants et trois après, des eaux bien proprettes. En ce moment, c'est fleuri. Y a de la rose, du jasmin (aaaaah, le jasmin!!), de la lavande et du muguet à gogo. Et de la vanille, à vous donner l'illusion que vous avez sauté dans un jet pour Madagascar. La fève tonka a presque disparu, le cuir aussi. La pivoine est encore timide. Personne ne pense à utiliser le miel. Bref, si vous aimez pas le fleuri/romantique façon poulette en goguette, vous êtes mal.  Je suis mal, mal, mal.

J'avais déjà de la peine à trouver mon bonheur avant de m'intéresser vraiment aux parfums mais maintenant que j'ai mis le nez dedans, c'est carrément la galère. Le cauchemar. Je ressens mille fois plus cette impression de jus clonés, avec des matières premières parfois cheap, ou un travail à la serpe, y compris chez les grandes marques. Le dernier Guerlain, par exemple, m'a donné envie de pleurer.

Mais heureusement, niché sur une étagère, une découverte a illuminé ma journée. Jean-Charles de Castelbajac a lancé un parfum. Son deuxième seulement, en quarante ans de carrière. Il faut savoir que les parfums de couturiers, c'est tout ou rien :


  1. Une machine à cash, avec un jus bien mainstream, taillé pour plaire (ou ne pas déplaire) à 90 % de leur cible (femme urbaine, 20-35 ans, CSP -, blablabla) : on trouve dans cette famille Si d'Armani, Valentino ou Elie Saab. Rien de fou-fou. C'est bien ficelé mais ultra prévisible et pas du tout original. 
  2. Une création hors normes, qui a du chien et qui ne ressemble à aucun autre, initiant parfois même la naissance d'un nouveau genre de parfums, qui sera copié mais jamais égalé : comme Infusion d'Iris de Prada (exceptionnel), Brit de Burberry (une tuerie) ou For Her de Narciso Rodriguez (un OVNI).




Beautiful Day de Castelbajac entre clairement dans la deuxième catégorie. Un parfum insolite, signé Maurice Roucel, et ce n'est pas surprenant de sa part : ce nez a travaillé avec Guerlain, Serge Lutens, Frédéric Malle et Hermès, on lui doit 24 Faubourg, L'Instant, Tocade, Iris Silver Mist ou encore Kenzo Air. Il est donc capable d'imaginer des parfums vraiment différents, avec une identité marquante (je déteste 24 Faubourg mais il est unique).

Bon alors, ça sent quoi ? Difficile à dire mais rien de cheap. Au début, une odeur un peu acide, artificielle (ce que j'appelle en rigolant le parfum de vieille, comme Shalimar ou N°5), une note d'orange amère qui transparaît, de l'amande, des fleurs qui arrivent doucement et puis l'ensemble s'amollit comme de la guimauve, ça devient fondant, un peu doudou,  mais sans se transformer en barbe à papa. On sent le fond de vanille, de fève tonka mais en évitant l'abus de sucre, c'est très équilibré, la pointe électrique perce la nappe de caramel. Voilà. Un parfum "à plusieurs niveaux" comme je les aime.

Un parfum qui donne envie de s'assoir toute seule dans le noir et de fermer les yeux en écoutant de la musique, ou de danser sur un parquet en bois blond devant une grande bibliothèque pleine de livres, ou de mettre de la musique d'accordéon et de faire tourner sa jupe. Des images sans rapports les unes avec les autres mais qui surgissent comme ça, toutes seules. Et ça, c'est le signe d'un vrai parfum.

Je l'ai senti, reposé. Suis revenue et me suis parfumée en me disant : "On va voir ce que ça donne dans une heure ou deux..." Trois heures après, je retournais dare-dare à la parfumerie et je suis ressorti avec mon nouveau chouchou. J'étais accro.

Le site Au Parfum annonçait sa sortie en avril et se demandait si le bébé serait à la hauteur. Qu'il se rassure : ce parfum est une pépite. Un parfum bien dans l'esprit de Castelbajac. Un peu fou, un peu bizarre, un peu dans sa bulle. Ca plaît ou ça ne plaît pas et puis voilà. Moi, ça m'a vraiment plu. Merci Jean-Charles, you make my (very beautiful) day!

PS : En plus, le prix est plutôt raisonnable, 39 euros les 30 ml. Et il est vendu en exclusivité chez Marionnaud

Source photos : site officiel de JCDC

stelda

4 commentaires:

  1. Je ne connais pas celui-ci, mais j'ai porté son premier parfum. Je l'adorais. Une odeur d'amande qui me plaisait beaucoup. Mais j'avais la poisse à la fac. Dès que je finissais une bouteille de parfum, je voulais racheter la même et découvrait qu'il ne de faisait plus. Le drame. Bises,
    Maeve

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    1. Ah, ça, c'est le pire : quand ton parfum adoré n'existe plus ou qu'il est commercialisé seulement à Pékin et à Washington... Je ne connais pas son premier parfum mais il a eu un succès fou (tu savais qu'il y avait même une page FB créée pour réclamer son retour ?!). D'après ce que j'ai lu, Beautiful Day est un peu dans le même esprit :).

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    2. Je sentirai la prochaine fois que je te verrai pour comparer. J'adorais Doudou. Quand j'ai eu fini la bouteille, je me suis consolée avec Chacock (même scénario), puis avec un autre (idem). Puis, plus de coup de foudre, une seule bouteille suffisait. Ceci-dit, je termine la seconde bouteille de mon parfum actuel. Et j'irai peut-être voir ensuite du côté de Castelbajac, si l'odeur me fait l'effet madeleine de Proust ��

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  2. Je ne vais plus dans les parfumeries depuis longtemps, je dois avoir 7 flacons d'avance !
    Cadeau de clients (peut-être que je ne sent pas bon) ou de ma belle-sœur. J'ai du gentiment leur dire que pour le moment, j'avais plus qu'il me fallait.

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